Chez le chien comme chez les animaux en général, certaines pathologies ou situations peuvent nécessiter la réalisation d’une transfusion sanguine. En effet cet acte non anodin est souvent une démarche thérapeutique de dernier recours ou d’urgence. Il permet de sauver des vies ou de prolonger l’espérance de vie et d’améliorer le confort de nos animaux de compagnie.
Définition
Une transfusion sanguine est le transfert de sang d’un donneur vers un receveur. Le sang transfusé peut être total ou ne contenir que certains éléments sanguins (plasma par exemple).
Cet acte médical est un acte invasif assez fréquent aux urgences vétérinaires. Cette transfusion est la plupart du temps vitale pour l’animal receveur, il est donc important que des stocks de sang soient disponibles en permanence, tous groupes sanguins chien et chat confondus. C’est pourquoi les cliniques spécialisées réalisant ce type d’acte recherchent souvent des chiens et chats donneurs de sang.
Il y a diverses indications à la transfusion sanguine. La priorité est de réaliser l’examen clinique de l’animal et d’évaluer son état général pour savoir si ce dernier est apte à recevoir une transfusion.
Le vétérinaire réalise un bilan hématologique, car certaines valeurs seuils sont indicatrices de la transfusion sanguine. Le taux d’hémoglobine (protéine transportant l’oxygène dans les hématies ou globules rouges) normal chez le chien est de 12 grammes par décilitre, et de 8 grammes par décilitre chez le chat. Le vétérinaire décide de transfuser son patient lorsque le taux d’hématocrite est trop bas. Les valeurs qui motivent une transfusion sanguine sont les suivantes :
En dehors de ces chiffres d’appel, on transfusera un chien s’il souffre d’anémie (taux d’hémoglobine bas conformément aux valeurs ci-dessus), de coagulopathie (mauvaise coagulation du sang, on apporte alors des facteurs de coagulation via la transfusion), ou encore de thrombopénie (taux de thrombocytes i.e. plaquettes bas, si accompagnée d’une anémie). En plus de ces quelques affections sanguines, on peut aussi transfuser en amont d’une chirurgie provoquant beaucoup de saignements, à la suite d’une hémorragie importante ou lors de certaines intoxications, notamment celles au paracétamol ou aux raticides.
Pour pratiquer une transfusion, le vétérinaire doit disposer d'une quantité suffisante de sang, et que ce dernier soit compatible avec le patient receveur. Pour cela, soit le service d'urgence dispose de sa propre banque de sang vétérinaire, soit le vétérinaire doit solliciter les chiens ou chats donneurs de sang dans sa clientèle.
Une fois que l’équipe a en sa possession du sang compatible avec le receveur, on peut commencer le transfert du sang ou de certains produits sanguins.
Le vétérinaire installe un nouveau cathéter sur la veine la plus adaptée selon l’animal :
Une fois le cathéter posé, on relie la poche de sang à un transfuseur à filtres qui empêche la formation de caillots sanguins. Il est également très important pour l’animal que le sang soit à température corporelle, soit environ 38°C.
Une fois que le dispositif est correctement relié au système circulatoire du chien, on peut commencer à lui injecter le sang du donneur en intra-veineuse (directement dans les vaisseaux sanguins). Il s’agit de la partie la plus à risque et une surveillance rapprochée est nécessaire tout au long de l’intervention. Le transfert de sang total est de l’ordre de 20 mL par kilogramme chez le chien et de 10 mL par kilogramme chez les félins.
Cependant on ne peut pas transférer ce volume de manière directe et cela explique la longue durée de l’administration de la poche sanguine. En effet, on commence par transfuser à hauteur de 1 ou 2 mL par kilogramme et par heure pendant les premières minutes, car c’est au début du transfert que des réactions indésirables peuvent survenir. Si au bout de 30 minutes tout se passe bien, on peut augmenter le débit (qui ne doit néanmoins pas dépasser 20 mL par kilogramme et par heure), afin que la transfusion ne dépasse pas une durée totale de 4 heures.
Avant toute transfusion, il convient de vérifier la compatibilité entre le sang qui va être injecté et le sang du receveur. Pour cela on effectue tout d’abord un groupage sanguin des 2 sangs pour vérifier que ceux-ci sont identiques. Une fois que les groupes sont déterminés, on vérifie que le fichier médical du chien ne rend pas son sang impropre au don (absence de vaccination, vermifugation). On fera aussi des analyses sanguines pour vérifier la bonne constitution du sang et donc attester de sa qualité. Au bout de ces quelques tests, le sang est jugé transférable. On doit bien sûr également s’assurer de la bonne pose du cathéter et donc de l’injection du sang dans la circulation du receveur.
Les risques de la transfusion sont de plus en plus limités par les prérequis vus dans le paragraphe précédent. En effet, des réactions d’incompatibilité sont très rares du fait des vérifications obligatoires en amont du transfert sanguin. Cependant il peut arriver que des maladies non décelées soient transmises ou que des allergies aient lieu, donnant par exemple des œdèmes. À savoir que le transfert de plasma est plus à risque d’entraîner des réactions que le transfert de sang total. En définitive, ses réactions surviennent souvent au début de la transfusion et le vétérinaire doit être capable de déceler les signes pour intervenir et stopper le transfert en cours. De plus tous ses risques sont limités par la bonne conservation et les multiples tests sur les produits sanguins, ainsi ils sont de plus en plus diminués via l’avancée des pratiques en clinique.
La transfusion sanguine est donc une pratique assez rare dans le quotidien de cliniques mais qui s’avère nécessaire dans de nombreuses situations pathologiques. Les avancées de la médecine vétérinaire en font une pratique à faible risque mais assez lourde pour laquelle il est nécessaire de surveiller l’animal pendant et après l’intervention.